Au vu du harcèlement continu du défenseur des droits humains et avocat Salah Hammouri par les autorités israéliennes, nous, les organisations soussignées, annonçons le lancement de la campagne internationale « Justice pour Salah ». La campagne vise à mettre fin au harcèlement des autorités israéliennes contre Salah Hammouri et à sensibiliser aux politiques et pratiques systématiques et illégales employées contre le peuple palestinien.
Les objectifs de la campagne sont :
- La libération immédiate de Salah de sa détention administrative ;
- Le droit de Salah de rester dans son pays natal et la fin des menaces d’expulsion forcée.
- L’arrêt de toutes les pratiques de harcèlement à l’encontre de Salah afin de lui permettre de vivre librement à Jérusalem avec sa famille ;
- L’abrogation de toutes les politiques de révocation de cartes didentité et d’expulsion contre les Palestiniens de Jérusalem, et le droit au retour à Jérusalem des personnes dont la carte d’identité a été révoquée et qui ont été condamnées à un exil forcé.
Salah Hammouri, 37 ans, est un Franco-palestinien de Jérusalem, défenseur des droits humains de longue date, avocat à l’association Addameer « Prisoner Support and Human Rights » et ancien prisonnier politique.
Salah fait l’objet de harcèlement de la part des autorités israéliennes depuis l’âge de 15 ans. Il a été arrêté pour la première fois à l’âge de 16 ans et fait depuis face à un harcèlement judiciaire et administratif continu de la part des autorités d’occupation israéliennes, dont six périodes d’emprisonnement et des arrestations arbitraires. Salah a fait face à plusieurs interdictions de voyager, des cautions et des amendes exorbitantes, des assignations à résidence, la séparation d’avec sa famille, la surveillance et l’attaque de logiciels espions sur son téléphone, la révocation illégale de sa résidence permanente à Jérusalem sous la menace d’une expulsion forcée le 18 octobre 2021 et, plus récemment, son arrestation arbitraire le 7 mars 2022. Après cela, Salah a été placé sous le régime de la détention administrative, une détention arbitraire et illégale en droit international, pour une période de trois mois, sous réserve de prolongations indéfinies en vertu des ordres militaires israéliens de 1967 mis en place avec l’occupation et adoptés à partir des règles de sécurité datant de la colonisation britannique.
Aujourd'hui, je me trouve à la croisée des chemins la plus difficile de ma vie, de la blessure à l'exil, la détention sans inculpation et plus encore. L'occupation ne se limite pas à nous tuer, à nous enfermer et à nous déplacer. Je suis avec vous aujourd'hui, et grâce à vos efforts, j'espère que mon rêve de continuer à vivre dans ma ville natale Jérusalem ne sera pas sacrifié
Salah Hammouri depuis l'intérieur de sa cellule au centre de détention israélien
Mettre fin à l’arrestation et la détention arbitraires actuelles de Salah Hammouri est rendu d’autant plus urgentes et exceptionnel à la lumière de la décision illégale de laministre israélienne de l’Intérieur, le 18 octobre 2021, de révoquer son statut de résident permanent à Jérusalem sous couvert du critère vague et illégal de » rupture d’allégeance » à l’État d’Israël. Le déclenchement de la révocation de son statut de résident en vertu de l’amendement n° 30 à la loi sur l’entrée en Israël de 1952, appliqué illégalement à Jérusalem, territoire occupé, constitue de graves violations du droit international. Cette révocation expose Salah au risque imminent d’un transfert forcé et d’une déportation, un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) et une violation grave de la Quatrième Convention de Genève, ainsi qu’un crime contre l’humanité de persécution, d’apartheid et de déportation.
Parmi les procédures judiciaires et les efforts de plaidoyer contestant ces violations flagrantes, équivalant à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, y compris le régime d’apartheid israélien, le cas de Salah a été porté à plus haut niveau dans les forums internationaux par les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies, les ONG et les organisations de défense des droits humains. En conséquence, les autorités israéliennes ont intensifié leur harcèlement et leur ciblage systématiques de Salah,, qui travaille avec l’une des six organisations palestiniennes illégalement criminalisées et désignées par l’occupation israélienne comme « terroriste » en octobre 2021, pour réprimer son droit à la liberté d’expression et délégitimer et discréditer son travail de défenseur des droits humains.
Le cas de Salah Hammouri est un exemple flagrant du régime d’apartheid des autorités israéliennes, y compris la pratique généralisée et systématique de la déportation illégale et de la manipulation démographique, comme en témoignent ses lois, politiques et pratiques, pour maintenir un régime institutionnalisé de domination et d’oppression sur le peuple palestinien dans son ensemble. Cela fait partie d’une attaque plus large contre les Palestiniens vivant en Palestine occupée, et les résidents palestiniens de Jérusalem en particulier, y compris en ce qui concerne la politique israélienne de transfert forcé et de persécution. Ces politiques se traduisent par la révocation du droit de résidence – sous ce qu’on appelle le « rupture d’allégeance » à l’État d’Israël ou par le manquement à l’obligation de présenter des preuves que Jérusalem est leur « centre de vie »,par les démolitions de maisons, les refus de permis de construire ou autres mécanismes que l’environnement coercitif d’Israël impose au peuple palestinien pour le chasser de Jérusalem, et de la Palestine.
Remarque : Cette campagne salue tous les efforts de solidarité concernant le cas du défenseur des droits humains Salah Hammouri et honore le travail de la campagne menée par la famille de Salah pour libérer Salah et mettre fin à sa persécution.